La France donne le ton des relations entre grands groupes et start-up par G Bregeras

Une étude des 500 plus grandes entreprises mondiales démontre l’avance des groupes tricolores.Ils interagissent avec les jeunes pousses de sept manières différentes.
Les grandes manoeuvres ont démarré. Le jour de l’ouverture de Viva Technology et au lendemain de l’annonce de Siemens d’investir 1 milliard d’euros sur les cinq prochaines années dans les start-up à travers sa nouvelle division « next47 », la compétition pour capter les meilleures jeunes pousses monte encore d’un cran. Selon une étude menée par le fonds 500 Startups, 68 % des 500 premières entreprises mondiales (classement « Forbes ») engagent déjà au moins une forme de relation avec les start-up. Une relation qui tend à payer puisque 61,7 % des 147 licornes mondiales ont levé des fonds auprès d’au moins un grand groupe – banques exclues – selon le « Wall Street Journal ». Et, à date, 60 % d’entre elles sont déjà rentables rien qu’en Europe, rappelle une étude réalisée par GP Bullhound.Dans ce contexte d’innovation ouverte ou partagée, les entreprises françaises montrent la voie à suivre. Toujours selon l’étude 500 Startups, dont 25 groupes tricolores du CAC 40 font partie, elles excellent en utilisant 1,7 forme d’engagement sur les 7 recensées. « Ce qui montre qu’elles diversifient la nature de leurs relations avec les jeunes pousses plus que les autres », analyse Arnaud Bonzom, directeur de l’innovation corporate chez 500 Startups. 92 % des 25 champions du CAC 40 inclus dans le classement « Forbes » ont activé au moins une des pistes menant aux start-up. Et la plus populaire d’entre elles est la compétition, juste devant celle des fonds corporate, puis les incubateurs et accélérateurs. Seule la solution du support technique n’est pas creusée. Loin derrière, l’Allemagne et la Suisse (71,4 % chacune). Aux Etats-Unis, ce pourcentage s’effondre même avec seulement 45,5 % des grands groupes qui se sont engagés.

7 formes d’engagement

Sur la manière de créer des liens avec les jeunes pousses, les grandes entreprises privilégient toujours l’investissement de capitaux à travers leurs fonds corporate. Sur les 262 groupes du Top 500 de « Forbes » engagés avec les start-up, 62,6 % choisissent de les soutenir en liquidité. Ensuite, près d’une sur trois crée une compétition pour faire émerger celles avec qui elles travailleront. Un double résultat qui marque leur relative maturité et, surtout, leur ouverture. Si certains, à l’image de PSA (lire ci-contre), privilégient des investissements dans un secteur similaire au leur, d’autres sortent de leur verticale. C’est le cas de Coca-Cola, qui a soutenu Spotify, ou d’Orange, qui a injecté quelques millions d’euros dans KissKissBankBank. Investir dans une jeune pousse peut aussi témoigner des intentions d’un géant d’attaquer un marché, comme ce fut le cas il y a un mois avec Apple, qui a mis sur la table 1 milliard de dollars pour aider Didi Chuxing à lutter contre Uber en Chine.

Reste à convaincre les Français

Autre signe des temps nouveaux, la capacité de certains grands groupes à s’associer afin de faire avancer une thématique cruciale pour un secteur particulier. Air Liquide, Michelin, Orange, SNCF et Total se sont ainsi associés autour de la mobilité durable en créant un fonds dédié. Des initiatives encore mal perçues par le public français, qui estime encore dans sa très grande majorité que les grandes entreprises n’en font pas encore assez, comme le révèle un sondage réalisé par Odoxa. Si 61 % d’entre eux sont convaincus qu’il relève de leur responsabilité de créer des incubateurs pour aider les start-up, 84 % pensent qu’ils n’en font pas assez. Après le temps de la stratégie et des premières actions d’envergure devra donc venir celui de la communication.

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