L’open innovation ou l’humilité de reconnaître qu’une entreprise ne peut pas tout par Y Tyrode

A l’heure où le timing de la mise à disposition d’un produit ou d’un service a autant de valeur que le produit ou le service lui-même, il ne sert à rien de fermer ses portes en pensant que, seule, l’entreprise pourra trouver toutes les solutions pour adapter son offre à un marché en constante évolution.

L’open innovation repose surtout sur la capacité d’une entreprise à prendre conscience qu’elle ne peut pas tout et sur son aptitude à faire preuve d’humilité. A-t-on vu les belles réussites de ces dernières années ne fonctionner qu’en vase clos ? Autant que la mixité homme-femme, la mixité des connaissances est indispensable au bon développement de l’entreprise d’aujourd’hui, quel que soit le secteur dans lequel elle opère. L’entreprise n’a, a priori, aucune raison de se priver des meilleures compétences – qu’elles soient à l’intérieur ou à l’extérieur du groupe. A l’entreprise de fixer le degré d’ouverture qu’elle est prête à accepter en fonction de la valeur ajoutée qu’elle retirera à faire preuve d’audace.

Bien sûr, l’entreprise n’a pas forcément vocation à déverrouiller tout son système comme il semble évident que l’écosystème qui gravite autour d’elle respecte des règles (de confidentialité entre autres) ; l’entreprise doit en revanche considérer les idées venues de l’extérieur comme une force, pas comme une menace : l’open innovation ne doit pas faire peur, elle s’intègre dans une stratégie globale de transformation et d’adaptation à laquelle l’adhésion des collaborateurs est indispensable. Elle doit être perçue comme une source de créativité, pas comme une perte d’identité, comme une opportunité d’améliorer l’expérience client, pas comme un manque à gagner : une démarche d’open innovation permet à l’entreprise de constituer une communauté de développeurs qui imaginent des solutions qui profiteront à ses clients, créant ainsi des opportunités de business. Cela ne veut pas dire que tout projet conçu en dehors de l’entreprise aboutira. Qu’importe. Que l’entreprise n’ait pas peur d’échouer ; encore moins de réussir.

Don’t worry, be API

A.P.I : trois lettres pour un acronyme maintenant si utilisé qu’il est presque inutile de le présenter. Les API, pour Application Programming Interfaces, ces interfaces permettant à deux programmes informatiques d’échanger des informations, deviennent de plus en plus symbole d’open innovation. Si elles ont été développées massivement pour usage interne à l’entreprise, les API sont désormais de plus en plus ouvertes, permettant à des développeurs, externes à l’entreprise, d’utiliser – sous réserve du respect d’un certain nombre de conditions – les données de celle-ci pour concevoir une solution.

La collaboration entre grandes entreprises et startups et, plus généralement, le fonctionnement en réseau est devenu primordial. C’est pourquoi, il est indispensable que les grands groupes facilitent cette coopération – ce qui implique des directions du développement bien structurées pour jouer les entremetteurs – par la mise en place de formules de partenariats allégées. Les startups, qui militent pour être regardées comme une véritable société commerciale (qui cherche des clients pour vendre un produit ou un service) aimeraient toutefois être traitées différemment lors des appels d’offre et du paiement des prestations par les grands donneurs d’ordres. Derrière l’apparence décontractée du startupper, il y a un entrepreneur qui veut être pris au sérieux, avoir des clients et être payé en temps et en heure pour éviter de mettre en péril sa société naissante.

Yves Tyrode

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