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L’intrapreneuriat réconcilie-t-il l’entreprise avec l’innovation ? par S Petitjean

L’innovation, qu’elle ait pour ambition de disrupter le marché ou d’accroitre l’efficacité opérationnelle est un enjeu clé pour permettre aux grands groupes de rester leaders sur leur marché.

Ce matin j’ai assisté à la conférence « L’intrapreneuriat réconcilie-t-il l’entreprise avec l’innovation » organisée par Science Po. Les témoignages de Charlotte Dekerf (Accorhotels), Stéphanie Bourgeais (RATP) et Thomas Chappuis (Société Générale) ont permis de souligner que, si cet objectif est partagé par tous, les moyens pour y parvenir sont nombreux : il n’y a pas une recette unique et chaque entreprise tend à adapter un modèle d’innovation à son organisation interne.

Chez Accorhotels, l’innovation est soutenue par la mouvance de l’hôtellerie augmentée et l’entreprise a lancé des programmes autour de l’open innovation. Elle mise également sur l’intrapreneuriat.

Accor a ainsi noué un partenariat avec Techstars qui regroupe un grand nombre d’entreprises.

Au niveau opérationnel, lorsqu’un projet d’innovation est détecté et qu’une démarche d’intrapreneuriat semble pertinente, le porteur de projet bénéficie de temps et d’accompagnement pour creuser son projet : les 6 premières semaines, le collaborateur est détaché de sa direction 50 % de son temps. Son travail, coordonné par Techstar permet d’affiner la vision de son produit.

Cette première phase est suivie d’une évaluation du produit et en cas de validation, le collaborateur dispose de 3 mois supplémentaires pour développer son idée. Les délais sont courts et nécessitent de l’agilité de la part des intrapreneurs en herbe ! Au bout de 3 mois, nouvelle évaluation et on décide ensuite de continuer à investir dans le projet ou non.

Lors de la conférence Victor Jouan, collaborateur Accor et porteur de projet a pu témoigner et illustrer le mode de fonctionnement de l’entreprise. Cette démarche lui a permis de développer une solution dans le domaine de la foodtech lui permettant de développer son offre auprès de différents hôtels suite aux 2 premières phases.

Stéphanie Bourgeais, quant à elle, a souligné que la mobilité est un secteur régulièrement disrupté par des Startups aujourd’hui

Et en parallèle des mutations inhérentes au secteur, la RATP doit faire face à un enjeu de taille : la fin du monopole et l’ouverture de son marché à la concurrence à partir de 2025.

Pour y faire face, la RATP a mis en place une démarche d’innovation ambitieuse, qui passe par plusieurs canaux dont l’investissement dans des startups externes (prise de parts) et le soutien à l’intrapreneuriat.

2 programmes participent de cette initiative :

Le programme Spark issu d’une démarche top down est animé par le Comex de la RATP qui a mené une réflexion stratégique sur les pistes de croissance à envisager pour le groupe (nouvelles activités) et pour mettre en oeuvre une transformation RH. Passer d’une entreprise avec un client unique à une entreprise évoluant dans un secteur concurrentiel nécessite d’accompagner ses salariés pour développer une nouvelle culture business.

Le dispositif « Bouge! » s’appuie sur l’innovation émanant des salariés. La démarche est participative et les porteurs de projet bénéficient d’un accompagnement en mode Start-up pour transformer leurs concepts innovants en offres commerciales abouties.

Ils sont accompagnés sur 9 mois répartis en 3 phases et libérés de leurs activités au sein de leurs directions à minima 20% de leur temps de travail.

Aujourd’hui la RATP soutient des projets autour autour de la valorisation des donnée, de la transition énergétique ou encore dans le travel retail.

Enfin, Thomas Chappuis (Société Générale) a présenté le programme Internal Startup Call de la Société Générale.

Ce programme a été lancé car le métier de la banque change profondément et est bouleversé par les Fintech.

La SG a donc lancé une plateforme pour permettre à leurs employés de participer à la construction de la banque du future et de proposer des projets ! Une belle réussite, car 15000 collaborateurs ont répondu présents et 1000 projets ont été proposés.

Cette démarche bottom up est fortement soutenue par le Comex. Chaque membre du Comex a du choisir un projet à sponsoriser (> 60 projets) et les collaborateurs peuvent accéder à un de nombreux incubateurs partenaires de la SG pour accélérer leurs projets.

La Société Générale, contrairement à la RATP et à AccorHotels a fait le choix de détacher les salariés à 100 % de leurs directions pendant 6 mois pour lancer leurs initiatives et créer ainsi de nouveaux produits et services.

Au bout de 6 mois, les projets sont évalués et le sponsor choisit alors de poursuivre l’expérimentation ou de l’arrêter.

Thomas a souligné certains facteurs clés de succès :

  • Le sponsoring et le mentoring des projets d’intrapreneuriat : avoir des personnes sponsors permet de faire parler du projet, de créer de l’émulation et de maintenir la dynamique. Ils sont les ambassadeurs du projet et permettent de débloquer les budgets nécessaires. Le mentoring est également un élément fondamental pour apporter des expertises dont les porteurs de projet pourraient manquer.
  • Faire sortir les collaborateurs de leur quotidien, aller travailler en incubateur par ex. favorise un « choc des cultures » et le changement de mindset des collaborateurs, afin qu’ils deviennent plus agiles et qu’ils acquièrent de nouvelles compétences (favoriser le fait de mettre les mains dans le cambouis, même s’il s’agit de nouveaux sujets !)
  • Mesurer la création de valeur : il est difficile de calculer un ROI sur ce type de projet, néanmoins il est important de définir des KPIs au plus proche du marché. La SG incite ainsi les intrapreneurs et les sponsors à définir eux-même leurs KPIs au démarrage des projets (nombre d’utilisateurs, CA si le produit est mis sur le marché etc.)

Cette conférence m’a permis de voir comment certaines sociétés entretiennent la flamme de l’ambition auprès de leurs collaborateurs, les incitent à sortir de leur zone de confort, à balayer leurs craintes et les amener à vouloir conquérir de nouveaux marchés dans une logique gagnant-gagnant.

Source : https://www.linkedin.com/pulse/lintrapreneuriat-r%C3%A9concilie-t-elle-lentreprise-avec-sophie-petitjean/

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