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4 raisons pour lesquelles vous n’échapperez plus à l’open innovation ! par L Floderer

La crise sanitaire que nous traversons bouscule nos lignes et nos principes. Déjà l’on entend parler du « monde d’après ». Que l’élan ait été social, politique, ou économique, cette période a conduit des acteurs économiques de toutes tailles à innover. Innover ? Oui car l’innovation n’invente pas, elle améliore l’existant. Ces dernières semaines, elle s’est répandue partout et s’est diffusée aussi largement que le virus contre lequel nous nous battons. En actions plus ou moins coordonnées, des restaurants ont fourni des collectivités hospitalières afin d’améliorer la qualité du quotidien du personnel, LVMH a fabriqué du gel hydroalcoolique pour limiter sa pénurie, les masques de plongée Décathlon sont devenus des masques sanitaires, ou encore le Théâtre du Soleil a transformé ses ateliers de couture de costumes en usine de production de masques en tissu…. Pour ne citer qu’eux ! Chacun à sa hauteur est sorti de ses frontières pour répondre à une même problématique : comment prendre part au combat contre le covid-19.

Or voilà plusieurs années maintenant que je travaille sur les mutations digitales en entreprises. J’ai pu observer les moyens que l’on déployait et l’ouverture à la transversalité des collaborations à des fins de sécurité économique au sein d’une entreprise du CAC 40. En rejoignant une start-up de data marketing, j’ai participé aux concours organisés par les grandes entreprises afin de leur présenter des solutions. Depuis, j’ai rejoint un acteur majeur de cette relation entre entreprises et start-up ou étudiants à travers des challenges. De ces expériences, je retiens un constat : la culture digitale s’affranchit des frontières lorsqu’elle réunit plusieurs parties prenantes autour d’un objectif commun.

Quelle que soit la forme qu’elle emprunte, l’open innovation met justement en relation un acteur qui rencontre une problématique à résoudre et chaque partie prenante qui souhaite proposer une solution. Qu’elle se traduise par des pratiques sous forme de bringing inside outside (spin off, crowdsourcing, intrapreneuriat) ou de bringing outside inside (challenges, hackatons etc)…, elle va au-delà de la simple mise en relation. Elle prend le rôle de trait d’union social et économique essentiel en structurant l’innovation et en construisant des ensembles de contributeurs.

Alors que se manifeste volonté d’engagement, affranchissement des barrières entre pouvoirs publics et citoyens et étant donné la rapidité avec laquelle l’open innovation a su apporter des réponses ces dernières semaines, il faut s’attendre et se préparer à ce que cette démarche soit désormais le moteur organique de notre société.

L’open innovation repense l’harmonie sociale

Notre société plus que jamais manifeste une volonté d’engagement. Les consommateurs ne sont plus uniquement séduits par le besoin auquel répond un produit. Ils sont désormais sensibles à son impact écologique et social et à celui de l’entreprise qui le propose. Les électeurs désavouent également une trop grande distance entre le monde politique et eux.

Or l’open innovation offre l’opportunité au secteur privé et aux pouvoirs publics de faire émerger des solutions issues du terrain. Qu’il s’agisse de proposer aux collaborateurs internes une démarche intrapreneuriale afin qu’ils participent à l’amélioration de leur entreprise, de social business au service des actions politiques d’un gouvernement, ou d’interroger des communautés internationales afin de construire un nouveau service, l’open innovation rassemble les acteurs de terrain et ceux qui en seraient plus éloignés.

Loin de la « boîte à idées », simple outil de consultation, l’open innovation se distingue de toute démarche démagogique. Elle produit un effet fédérateur qui répond à ce besoin d’engagement. Alors quand Stanislas Guerini dit qu’ « il faudra accélérer les choses mais (que) c’est n’est pas à l’Etat seul de réfléchir à l’après. », que « citoyens, élus, et entreprises avons tous un rôle à jouer » (La provence, 06/05/20), nul doute qu’il trouvera dans l’open innovation une façon de rendre concrète cette idée.

Vecteur de l’action collective

En sollicitant des idées exogènes à une entité et en organisant la démarche, l’open innovation s’affranchit du statut social ou professionnel à l’instant t et permet à chacun de participer à une action globale selon son savoir et son savoir-faire. Elle rend la collaboration opérationnelle, transverse et centrée sur la réussite d’un projet. En facilitant la collaboration, l’open innovation engage l’action collective. Elle supprime notamment de nombreux freins : réseau professionnel manquant, démarches administratives diverses, coordination complexe… Autant d’étapes clé que l’on soit à l’initiative de la démarche ou participant. Cette facilité mobilise un plus grand nombre d’acteurs et les fédère autour du sujet donné. Surtout, elle permet de s’adresser à un plus large public et de capter ainsi un plus grand nombre d’idées et de projets parmi lesquelles se logeront les pépites futures.

Pluralité des idées et accélération du time-to-market : l’équation rentable

La question du coût, et plus encore à partir d’aujourd’hui, demeure centrale.

Financer l’innovation représente un investissement économique qui, en l’absence de données fiables sur sa rentabilité, devient légitimement un frein. En restant concentré sur ce qui se fait entre ses murs, l’acteur économique se confronte à ses propres ralentissements. Il se prive d’un écosystème extérieur dynamique. Or le directeur innovation d’une grande industrie le remarquait lors d’une prise parole à laquelle j’assistais : ouvrir ses portes à cet écosystème accélère les processus d’innovation et prouve son ROI rapidement.

En effet, pour reprendre la méthode de gestion de projets, les phases de cadrage et de conception ont déjà été accomplies par les nouveaux contributeurs car ils ont d’ores et déjà réfléchi leur projet. Les coûts associés à ces deux premières étapes sont donc économisées en plus du gain de temps réalisé. Reste à conduire le projet à travers une collaboration qui rassemble deux expertises : l’acteur interne et l’acteur exogène. Le premier connaît son secteur, le second maîtrise son produit. Ces deux expertises réunies permettent de s’épargner d’un certain nombre d’erreurs et de ralentissements et ainsi d’optimiser le coût d’innovation.

Regardons notamment du côté des innovations recherchées face à la crise du Covid-19. Les Code Life Ventilator Challenge de la fondation de l’Hôpital Général de Montréal ou le Covent-19 Challenge de l’université de Boston appellent tous les innovateurs internationaux à concevoir la fabrication de respirateurs artificiels à moindre coût et très rapidement. Le collectif Makers for Life en France réunit plus de 250 ingénieurs autour de ce challenge également. Le Challenge Covid-19 lancé par la BPI France, appelle les entreprises à proposer une solution innovante pouvant limiter ou réduire l’impact de la crise du Covid-19.

Bref, si autant de démarches d’open innovation ont été lancées en l’espace de quelques semaines, mêlant secteurs publics et privés, pour trouver des solutions économiques, sanitaires et sociales, c’est parce qu’elle permet de faire émerger rapidement des solutions opérationnelles avec des frais maîtrisés qui dégageront ensuite de la valeur rapidement.

Une démarche en phase avec la société actuelle

Parler aujourd’hui de transformation digitale dans notre société, c’est avoir vu le train passer sans le prendre. Notre société ne se transforme plus, elle est digitale. Chaque acteur l’est ensuite plus ou moins selon ses capacités, sa culture, son histoire. Mais nous avons tous mûri une culture digitale sur au moins un de ses multiples aspects : modes de communication multiples, relations sociales, management, méthodes de travail et de collaboration, accès à l’information, instantanéité des échanges et/ou de l’information… Le temps et l’espace ont été remodelés à l’échelle numérique : rapide et immense.

L’open innovation s’impose dès lors comme l’unique moyen capable de fédérer efficacement toutes les parties prenantes autour des enjeux que nous rencontrons. Sa flexibilité lui permet de s’adapter à chaque secteur, chaque activité, chaque problématique. Face à une situation d’envergure ou plus modeste, elle mobilise, coordonne et rend opérationnelles toutes les solutions qui s’y rapportent.

Pour conclure, l’open innovation n’est plus une option réservée aux grandes entreprises. En créant des chaînes de recherche et de production au-delà des limites professionnelles, juridiques, sociales, et géographiques, elle s’impose comme la structure essentielle d’un ensemble humain et technique. Que l’objectif soit solidaire, politique ou financier, elle permet à chacun de prendre part à la résolution d’une problématique. Si l’on veut parler du « monde d’après » et le construire, il faut alors appliquer l’impérative contribution de chacun à travers l’open innovation. Car, incontournable du champ économique et social, elle s’impose désormais comme la pierre angulaire des organisations à venir. Nul doute qu’à la prochaine crise, l’open innovation sera une évidence pour l’affronter. Mais d’ici là, il est temps de se familiariser avec car vous n’y échapperez plus !

Source : https://www.linkedin.com/pulse/4-raisons-pour-lesquelles-vous-n%C3%A9chapperez-plus-%C3%A0-lopen-lea-floderer/

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