0

L’intelligence collective, intelligence distribuée

L’intelligence collective, intelligence distribuée

N’est-il pas surprenant d’observer la richesse et la variété des formations et mouvements que peut prendre une nuée d’étourneaux ? Des milliers d’individus parviennent à harmoniser leurs déplacements et à constituer des formations complexes et harmonieuses. Se déplaçant rapidement, la nuée adopte spontanément des trajectoires communes. De nombreuses formes peuvent se succéder, des structures longilignes et sinueuses se transforment en un claquement de doigt en un vortex où les étourneaux tournent autour d’un espace vide. Ensemble, ces milliers d’oiseaux forment un super-organisme où chaque individu participe à une intelligence collective qui en retour favorise sa propre survie.

Aucun texte alternatif pour cette image

Une première clé de compréhension de ces nuées d’étourneaux, mais aussi de certains bancs de poissons, qui dans les mers et océans manifestent les mêmes comportements collectifs, est la collecte d’information. Une nuée d’étourneaux accroît les chances de survie de chaque oiseau qui la compose car elle permet au groupe d’accéder à une information à laquelle un individu seul n’aurait pas accès. L’information circule rapidement de proche en proche, chaque oiseau ajustant son comportement en fonction de ses plus proches voisins.

C’est par ce mécanisme que le super-organisme, que forme la nuée, offre une importante réactivité et un large panel de réponses collectives en cas de nouvelle information captée par un individu.

L’intelligence collective permet au groupe de mieux répondre à l’attaque d’un prédateur ou de mieux explorer l’environnement. Si un faucon est détecté par un individu celui-ci part dans une nouvelle direction et par communication de proche en proche tout le groupe le suit. Si un individu détecte un arbre qui pourrait faire office d’abri celui-ci s’y dirige et conduit le groupe à s’y poser quasiment simultanément.

Pourquoi est-ce tel individu qui est suivi ? Quelles sont les lois physiques et biologiques qui induisent la création de tels comportements sociaux ? Pourquoi existe-t‑il une tendance du vivant à s’agréger ? Ces mécanismes du vivant possèdent encore de nombreux mystères.

Aucun texte alternatif pour cette image

 Après s’être principalement focalisé sur l’étude des briques constitutives du vivant (des molécules aux animaux, en passant par les cellules ou encore les organes), « le XXIème siècle sera très probablement celui de l’étude des interactions complexes et des propriétés que leur dynamique engendre ». D’autant plus que ces comportements collectifs ne se retrouvent pas uniquement chez les êtres humains ou les animaux, mais chez de nombreux organismes et à différents niveaux du « vivant » jusqu’au niveau cellulaire. Cependant, la science a déjà commencé à lever une partie du voile de cet « art de la relation » autour duquel semble s’organiser le vivant.

L’étude de la cognition animale et des comportements collectifs des sociétés animales a montré comment les réponses complexes que pouvaient développer des groupes d’êtres vivants n’étaient pas le fait d’un système centralisé qui déterminerait en continu le positionnement, la réaction ou le comportement de chaque individu. L’intelligence collective et la richesse et la complexité des réponses qu’elle permet est la résultante directe de deux facteurs : les interactions entre les individus qui la composent, et la possibilité de s’auto-organiser.

Les recherches ont montré comment le vivant était capable de produire des réponses collectives qui dépassent très largement les capacités propres de chaque individu, sans créer pour autant un système centralisé ou en inscrivant dans l’ADN de chaque individu toutes les réponses collectives possibles. Au contraire, les processus d’auto-organisation permettent une économie de codage, au niveau de l’individu, des mécanismes qui permettent l’émergence de l’intelligence collective, en se contentant d’inscrire dans l’ADN les déterminants du comportement qu’un individu adopte en fonction de ses proches voisins.

Une réflexion utile et inspirante lorsqu’on s’intéresse aux transformations managériales ou organisationnelles, mais également au moment de penser nos organisations territoriales ou nos institutions.

Toutes les références sur lesquelles s’appuient les paragraphes précédents sont à retrouver dans Innover comme Elon Musk, Jeff Bezos et Steve Jobs, Odile Jacob,

Source : L’intelligence collective, intelligence distribuée | LinkedIn

error: